Un tiers des employeurs suisses peinent à pourvoir les postes vacants selon une étude de Manpower. Une des raisons avancée est le manque de compétences techniques des candidats.
Les employeurs n’ont jamais été si nombreux à rencontrer des difficultés de recrutement en 2018, selon l’analyse de Manpower, qui a interrogé 39.195 patrons dans 43 pays. Au niveau mondial, la pénurie de talents a atteint un niveau record depuis le lancement de l’étude du spécialiste de l’emploi en 2006. La Suisse n’est pas épargnée, mais elle figure parmi les pays où les difficultés sont les moins aiguës avec notamment la Chine, la France, le Royaume-Uni et l’Espagne.
En Suisse, 33 % des employeurs, en moyenne, ne trouvent pas les profils qui leur font défaut. Un chiffre élevé mais qui reste tout de même plus bas que la moyenne au niveau mondial, qui se situe à 45%. La difficulté de trouver du personnel qualifié est encore plus marquée dans les grandes entreprises (+ de 250 employés), où la pénurie de talents affecte 51 % des employeurs suisses contre 67 % au niveau mondial. Les PME suisses ne sont également pas épargnées avec 50% des patrons qui affichent des difficultés de recrutement.
Parmi les 43 pays répertoriés dans l’étude, c’est le Japon qui est le plus en difficulté. En effet, 89% d’employeurs sont à la peine pour trouver des talents. Ce taux très élevé s’explique notamment par le manque de main-d’oeuvre, le vieillissement de la population et la politique de restriction des flux migratoires, selon Manpower.
Manque de compétence
Mais pourquoi les employeurs suisses peinent à trouver la perle rare? Selon le sondage effectué par Manpower, le manque de compétences techniques des candidats, soit le savoir-faire métier, cité par 30% des employeurs interrogés, est la première cause de la pénurie de talents en Suisse.
« Les changements technologiques modifient en profondeur la manière dont le travail se fait et requièrent un renouvellement de compétences nécessaires pour l’effectuer », commente Leif Agnéus, General manager de Manpower Suisse.
En seconde position, les employeurs disent manquer de candidats disponibles. Un fait renforcé par l’évolution démographique et le taux de chômage relativement faible de la Suisse. Le manque d’expérience (17%) et les lacunes de compétences transversales ou savoir-être (14%) des candidats clôturent le tableau.
Et la transformation digitale vient assombrir la situation, poussant les entreprises à rechercher davantage de capacités telles que la collaboration (84%), une aptitude à résoudre les problèmes (75%) et des compétences en communication écrite et verbale (73%), et cela, à tous les niveaux hiérarchiques.
A noter que seuls 3% des employeurs citent des prétentions salariales trop élevées pour expliquer leur difficulté à dénicher le candidat comblant la fonction à pourvoir.
Les pistes à exploiter
Pour surmonter les difficultés de recrutement, les entreprises suisses misent sur leurs effectifs existants en développant leurs compétences. Les employeurs prennent conscience que les connaissances engrangées durant leur carrière au sein de l’entreprise sont encore plus importantes que leurs acquis initiaux. En 2018, plus de la moitié des entreprises investissent dans des plateformes de formation et des outils de développement de carrière, contre 32% en 2015.
« La formation initiale n’est plus acquise une fois pour toute et ne suffit plus et chaque employé se doit de perfectionner ses compétences et ses connaissances pour maintenir son employabilité. Les employeurs, à travers leur département RH, ont désormais pour tâche de susciter la curiosité et de nourrir une culture de l’apprentissage au sein même de la société », note Leif Agnéus.
Recruter hors des viviers traditionnels, que ce soit au niveau de la tranche d’âge ou des régions, ne fait plus peur aux entreprises. 33% d’entre elles se disent prêtes à miser sur des jeunes retraités, des parents de retour à la vie active, ou à effectuer leurs recherches sur les réseaux sociaux, afin de compléter leurs équipes.
Engager une personne à temps partiel, proposer une mission, ou avoir recours à des indépendants est également une solution privilégiée.
A l’inévitable lecture du CV, 40% des employeurs revoient leurs exigences en matière de diplômes ou d’expérience pour pourvoir les postes vacants.
Les 10 professions les plus recherchées en Suisse
Les ouvriers qualifiés occupent la première place du classement pour la huitième année consécutive. Suivi des représentants de commerce, les cadres et dirigeants d’entreprise.
1. Ouvriers qualifiés
Electriciens, soudeurs, mécaniciens
2. Représentants de commerce
B2B, B2C, support à la clientèle
3. Cadres et dirigeants d’entreprise
4. Personnel hôtellerie et restauration
5. Chauffeurs
Chauffeurs poids-lourds, chauffeurs-livreurs, conducteurs de véhicules de construction, transports en commun
6. Personnel administratif
Assistants administratifs, assistants personnels, réceptionnistes
7. Ingénieurs
En Chimie, en mécanique, en électricité et en génie civil
8. Spécialistes
Chefs de projets, juristes, notaires, chercheurs
9. Nettoyeurs et personnel de maison
10. Personnel comptabilité et finance
Experts-comptables, réviseur des comptes, analystes financiers.
Source: L’AGEFI, publié le mardi 21 août 2018 – Lire l’article